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Malicounda Serere

“Malicounda Sérère”, c’est ma terre, vieille d’environ trois siècles. Elle a été fondée lors des premières migrations serères de la vallée de la rivière à la recherche de terres agricoles. Aujourd’hui, administrativement, elle est située dans la ville de Malicounda, département de Mbour, région de Thiès. C’est l’un des 22 villages de la commune, d’une superficie de 124 km2.

Malicounda Sérère, comme son nom l’indique, est un village ethnique sérère. La répartition des villages dans cette région ne suit aucune logique géographique mais ethnique. C’est pourquoi nous avons des villages ethnonymes tels que Malicounda Sérère, Malicounda Wolof et Malicounda Bambara. Ces trois villages s’entrelacent et masquent leurs frontières physiques. Si les Serères étaient là avant 1800, les Bambaras sont venus de 1902, et les Wolofs de 1907.

Le nom Malicounda viendrait du “Mali” pour désigner les communautés de ce pays. Cette thèse est vivement contestée par les Serères, qui expliquent l’origine “Mal-coundel” de l’appellation Malicounda. “Mal” signifie “Mass=leul” en sérère, et “Coundel sene” était le leader du  “Leul” (initiation). Le dernier festival de Leul à Malicounda Sérère date de 1942, après quoi les Serères se sont islamisés.

En ce qui concerne Malicounda Sérère, il présente des particularités historiques qui définissent sa répartition géographique. Il était jadis constitué de quatre agglomérations appelées quartiers, éparpillées selon une logique biogéographique ancestrale. Chaque quartier était fondé sur la base d’une préférence florale. Ainsi, Malicounda Nguerigne désigne le quartier des Caecedra, Sass le quartier des Kadd, Ngougouth le quartier des Nguer, et Ngogom pour…

Contrairement à la plupart des villages, Malicounda Sérère n’est pas une agglomération contiguë. Il est composé de quatre districts, dont cinq agglomérations distantes de 2 km au maximum. Ces districts sont situés dans un rayon d’environ 1,5 km du péage de l’autoroute, à l’exception de Ngogom, qui atteint 2 km. Le point de péage est un monument historique pour la communauté sérère de Malicounda. C’est là que se trouvaient exactement les tamariniers sous lesquels les villageois sérères des quatre districts se sont rencontrés pour des raisons culturelles. Malicounda Sérère est donc située de part et d’autre de l’autoroute, avec Nguerigne et Ngogom sur la gauche, et Sass et Ngoukhouth sur la droite.

J’habite dans le quartier de Malicounda Nguerigne. Elle a été fondée par Diarigue Ndour vers les années 1800. Nguerigne en Sérère qui signifie caecedra emprunte son nom à cet arbre qui dominait autrefois la biogéographie du site. Ce district est bordé au sud et à l’ouest par les districts de Malicounda Wolof (respectivement Keur Maissa et Keur Massaib). Sa limite nord est Tene Toubab. Il s’étend vers l’est à travers son hameau de Keur Wally, qui est bordé par Keur Malick Ba. Les infrastructures publiques ne respectant pas la répartition ethnique, Malicounda Nguerigne partage la plupart de ces infrastructures avec Malicounda Wolof, qui l’entoure.
Malicounda, sous le feu des projecteurs de l’urbanisation, se métamorphose. La pression sur le foncier est sans précédent. Les parcelles de 500 m2 sont vendues à plus de 5 millions. L’agriculture perd du terrain au profit du bâti qui fleurit partout. Des infrastructures sont aménagées, telles que la centrale thermique diesel de 120 MW et la centrale solaire photovoltaïque de 22 MW dans le site.

Sur le plan sanitaire, Nguerigne dispose d’une case de santé maternelle. En matière d’éducation, le quartier bénéficie d’une école primaire depuis 1986 et d’une maternelle située à Keur Wally. Le collège qui dessert le quartier se trouve à Malicounda Bambara. En ce qui concerne le transport, le village est facilement accessible grâce à l’aménagement de l’autoroute à péage, qui offre une sortie au croisement de Malicounda.

Pour les activités économiques, l’agriculture perd de son importance, laissant place aux spéculations foncières. Les terrains deviennent de plus en plus coûteux, et la population s’oriente davantage vers le transport, la fonction publique (enseignants, militaires, politiciens, employés de direction), et divers métiers tels que maçons, carreleurs, mécaniciens, employés d’hôtels, chauffeurs, tôliers, etc. auprès des champs de culture pluviale, des vergers et des parcelles loties émergent progressivement.

La végétation est composée d’arbres fruitiers tels que l’orange, le citron, la mangue, le nébédaille, l’anacardier,, ainsi que d’arbres forestiers ( Faidherbia albida (Kaad) Balanites aegyptiaca (Soump), Adonsonia digitata (gouy), Acacia seyal (Sourour), Ficus gnaphalocarpa (Gang), Prosopis juliflora, Prosopis africana (iir), Azadirachta indica (Niime), Ziziphus mauritiana (Sideem), Acacia nilotica (gommier rouge), Acacia tortilis (Seing), Acacia senegal (Verek) Guiera senegalensis (Nger), Euphorbia balsamifera (Salane), Combretum glutinosum (Ratt).
Dans l’ombre des baobabs, Malicounda s’éveille,
Village sérère, dans la brise qui chatouille.
Anciennes danses, échos d’un temps révolu,
Païen dans l’âme, le passé s’entremêle.

Les griots murmurent les contes du passé,
Où les esprits dansaient sous le ciel étoilé.
Sous le tamarin, les anciens se rassemblaient,
Village païen, dans l’histoire qui scintillait.

Mais le souffle du changement a traversé,
Les vents de l’Islam ont embrassé la destinée.

La mosquée s’élève, un nouveau chapitre commence,
Malicounda, le cœur palpite, le destin s’ordonne.

l’urbanisation avance, implacable,
Malicounda perd des plumes dans cette fable.
Les ruelles étroites se transforment en artères,
Les baobabs observent, témoins de la métamorphose amère.

La végétation danse dans le vent du changement,
Malicounda, entre hier et demain, un étrange engagement.

Les défis urbains s’embrasent dans chaque coin,
Les traditions vacillent face à ce nouveau dessein.
Occupation des champs par les bâtiments qui surgissent,

Les cases transformées en terrasse,
Les palissades laissent place aux murs
Le foncier de plus en plus onéreux,
Malicounda, le village s’urbanise

Dans cette danse délicate entre deux mondes,

Le destin de Malicounda s’écrit, aux portes de l’urbanité féconde.

C’est en ce jour de Dimanche 29 octobre que je pose mon pied pour la 1er fois dans cette contrée si riche en bénédiction et en histoire.

Mes premiers jours d’intégration dans mon service de volontariat à Malicounda ont été une expérience inoubliable, empreinte de chaleur humaine et de générosité. Dès mon arrivée, j’ai été chaleureusement accueilli par les habitants de cette communauté exceptionnelle.
L’hospitalité dont j’ai bénéficié a surpassé toutes mes attentes. Les sourires sincères et les gestes amicaux m’ont immédiatement fait sentir comme chez moi. Les habitants de Malicounda ont ouvert leur cœur, partageant non seulement leurs traditions, mais aussi leur quotidien, créant ainsi un lien authentique.

Chaque journée a été marquée par une multitude de rencontres enrichissantes. Les échanges avec les membres de la communauté m’ont permis de mieux comprendre leurs besoins et leurs aspirations, renforçant ainsi mon engagement en tant que bénévole. Les discussions animées et les moments partagés ont créé des liens profonds, transcendant les barrières culturelles. Mes sentiments oscillent entre joie et gratitude. La beauté du lieu n’a d’égale que la générosité de ses habitants. Chaque moment passé à Malicounda est une leçon d’humilité et d’appréciation de la richesse de la diversité humaine.

Je me sens véritablement intégré dans cette communauté qui m’a ouvert ses portes et m’a permis de participer activement à ses projets. C’est avec un cœur reconnaissant et optimiste que je m’engage à contribuer du mieux que je peux pour rendre ce volontariat aussi significatif pour eux que pour moi. Malicounda est devenue bien plus qu’un lieu de mission, c’est devenu un foyer où le partage, la compréhension mutuelle et la solidarité prévalent.

 

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